Travail effectué dans le cadre de l'UE5003EA4B - licence "Sciences de l'Éducation" - Université Charles de Gaulle - Lille3

Thème :  OTLET et le MUNDANEUM
Etudiantes :
Emilie CLOUT : emilie.clout@laposte.net
Christelle DEWOLF : christelle.dewolf@wanadoo.fr
Laurène MOINE : laurene.moine@caramail.com

OTLET et le MUNDANEUM : Un Internet de papier.


Au tournant du XXème siècle, deux savants pacifistes belges, Henri La Fontaine et Paul Otlet, décident de rassembler les savoirs du monde dans un immense répertoire. Celui-ci comprendra jusqu’à 16 millions de fiches. La folle utopie se solde par un échec cuisant. Elle annonce pourtant, dès 1895, l’internet.


I.    Qui est Paul Otlet : biographie

    Utopiste et bibliographe, il voit le jour à Bruxelles le 23 août 1868 et écrit son premier ouvrage, “L'Ile du Levant” à l'âge de quatorze ans. Proclamé Docteur en droit le 15 juillet 1890, il fait son stage chez Edmond Picard (1836-1924), juriste renommé, qui sera, quelques années plus tard, l'un des premiers sénateurs socialistes de Belgique.
En 1891, Otlet publie avec Pierre Blanchemerle, Joseph Cassiers et Max Hallet “Le Sommaire périodique des revues de droit”, tables mensuelles de tous les articles juridiques publiés dans les périodiques belges. C'est de cette époque que date sa passion pour la bibliographie; l'année suivante, il consacre un essai à la théorie bibliographique.
A partir de 1895, il consacre le plus clair de son énergie au Mundaneum et aux nombreuses oeuvres qu’il a créée autour de ce projet central. Il passe la Grande Guerre en Suisse et en France.
Pacifiste dans l'âme, il se met à travailler à un projet de Société des Nations qui garantirait la concorde par l'arbitrage des conflits. Dès octobre 1914, il publie son "Traité de paix générale”, Charte mondiale déclarant les droits de l'humanité et organisant la confédération des Etats.. En 1917, la construction de la Société des Nations décrit les modalités pratiques de l'établissement de la SDN.
Durant l'entre-deux-guerres, il poursuit son projet de construction d'une Cité mondiale et tente de garder le Mundaneum en activité malgré de nombreuses mésaventures. Les difficultés, l'incompréhension générale dont ses projets font l'objet, assombrissent ses dernières années. En 1934, il publie son fameux “Traité de documentation”, véritable testament philosophique. Il meurt le 10 décembre 1944.



II. Un Internet de papier ?

    Quelques années avant la Première Guerre mondiale, en Europe, une élite cultivée d’intellectuels et d’industriels, imprégnée de la pensée positiviste, croit fermement que l’ère de la paix universelle est proche. La Belgique est alors le foyer de la modernité.

Paul Otlet est convaincu que le savoir est le terreau de la paix universelle. En favorisant la communication des savoirs et des cultures, il espère permettre aux hommes de mieux se connaître, de ne plus avoir peur les uns des autres et donc de vivre en paix. Il rêve de diffuser la culture sur tous les terrains. Il se passionne aussi pour la bibliographie.

Selon Otlet, « le Mundaneum, sera un point de rencontre, le centre de coordination de l'organisation internationale de l'Intelligence. »
C'est en 1919 que s'ouvre au Palais du cinquantenaire, sous le nom de Palais Mondial-Mundaneum, un temple dédié au savoir et à la fraternité universelle fruit du travail incessant que mènent depuis près de 25 ans Paul Otlet et Henri La Fontaine.
« Il s'agit, écrit Otlet, de réaliser au Centre international, d'une manière permanente et scientifique, ce que les gouvernements ont déjà réalisé d'une manière éphémère dans les grandes expositions universelles. Dans leur ensemble, les salles doivent former un vaste musée géographique et ethnographique, un musée de la Terre et des Hommes. (...) C'est à la fois un musée universel de la technique, un musée de l'enseignement et un musée économique et social »

On a souvent écrit que le Mundaneum constituait une sorte d'Internet de papier. En effet, Otlet  est arrivé à construire un immense instrument de recherche hypertexte manuel et multimédia : il consignait sur des fiches de grandeur standardisée des informations concernant des ouvrages; ces informations peuvent être assimilées aux noeuds de l'hypertexte. Les liens étaient assurés par la Classification Décimale Universelle.

William Boyd Rayward montre comment le RBU (Répertoire Bibliographique Universel) fonctionnait comme un immense réseau de connaissances et d'information.
Décrivant le poste de travail moderne, Otlet parle de "(...) complexe de machines associées qui réalisent simultanément ou à la suite les opérations suivantes:
  1. transformation du son en écriture;
  2. multiplication de cette écriture tel nombre de fois qu'il est utile;
  3. établissement des documents de manière que chaque donnée ait son individualité propre et dans ses relations avec celles de tout l'ensemble, qu'elle y soit rappelée là où il est nécessaire;
  4. index de classement attaché à chaque donnée: perforation du document en corrélation avec ces indices; 
  5. classement automatique de ces documents et mise en place dans les classeurs;
  6. récupération automatique des documents à consulter et présentation, soit sous les yeux ou sous la partie d'une machine ayant à y faire des inscriptions additionnelles;
  7. manipulation mécanique à volonté de toutes les données enregistrées pour obtenir de nouvelles combinaisons de faits, de nouveaux rapports d'idées, de nouvelles opérations à l'aide des chiffres.
La machinerie qui réaliserait ces sept desiderata serait un véritable cerveau mécanique et collectif." Il y a là sans aucun doute une prescience de l'ordinateur qui ne sera développé qu'après la guerre.

En 1934, dans son traité de documentation, Otlet présente la bibliothèque virtuelle: ce sera le livre téléphoné. On est frappé par l'analogie avec nos modernes postes internet. Il a donc très tôt l'intuition de ce qui se concrétisera à la fin du XXème siècle sous la forme du réseau des réseaux. Il s'agit toutefois d'anticipation, de mise en perspective des derniers développements de la technique d'alors.



Sources:
Site belge du musée-Mundaneum pour les cent ans de l’Office International de Bibliographie, Mons, Editions Mundaneum 1995 :
http://www.mundaneum.be/content/mundaneum/histoire1.html

Sylvain Marcelli, Webzine « L’interdit.net », juillet 2002 :
http://www.interdits.net/2002juillet/mundaneum.htm



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