L’art de la mémoire « inventé »
par Simonide de Céos dans l’antiquité (Simonide a vécu
89 ans : né vers 553, il est mort vers 464 av. J.-C.) et qui consistait
en un rapport de lieux et d’images gravées dans la mémoire
devait connaître de multiples transformations que lui donneront tous
ceux qui seront entrés à leur tour dans le palais de Mnémosyne.
Ils ont existé jusqu’au XVIIIème siècle puis sont tombés
dans l’oubli. Ces arts étaient proposés afin de se constituer
une véritable « mémoire artificielle » à
l’époque où le papier était rare et cher. Les ars mémorativa
offraient un ensemble de petites techniques destinées à améliorer
les performances de la mémoire naturelle.
Ils reposaient sur « la méthode des lieux et des images »,
dont le principe était de graver dans la mémoire des lieux
et des images, de les ordonner.
Cette technique mnémotechnique était surtout destinée
à la rhétorique. Pour Cicéron il fallait « choisir
une pensée(…) elles-mêmes. »
Cette méthode a permis de voir l’importance du classement et de l’organisation
des pensées pour progresser dans la connaissance. Elle est à
l’origine de la logique combinatoire.
Deux conséquences entrelacées de cette technique :
- Les ars memorativa, en insistant sur la métaphore architecturale
et formelle des lieux, on fait prendre conscience, notamment à partir
du XVIème siècle, de l’importance du classement et de l’organisation
des concepts pour progresser dans la connaissance.
- Dans la mesure où ce n’est pas un livre mais une architecture
tridimensionnelle qui a été utilisée pour classer et
ordonner les images, les ars memorativa ont donné à leur système
de représentation un relief et une profondeur que l’écrit ne
pouvait offrir.
On retrouve dans toute l’histoire des ars memorativa, cet intérêt
pour la recherche d’un rapport idéal, d’un lien nécessaire
entre une image et une autre, entre une idée et une autre idée.
Le désir d’une communication universelle des savoirs s’est concrétisée
grâce à l’encyclopédie des lumières.
Dans les années 60, l’art de la mémoire est réapparut
avec des chercheurs, des poètes, des artistes.
A l’heure actuelle on assiste à un développement croissant
des outils du multimédia.
Internet est la plus grande banque de données du monde.
De l’ars memorativa à l’hypertextualité
On peut constater des points communs intéressants entre les deux
:
- le même usage des métaphores qui servent aujourd’hui
de repère dans la navigation de l’hyper documentation pour les utilisateurs.
- La nature des liens entre les idées et les concepts. On retrouve
l’ordre, la cohésion et l’organisation des images.
- Ils ont aussi en commun les mêmes problématiques, les
mêmes questions et parfois les mêmes réponses.
Leur principale différence est le fait que l’hypertexte cherche à
recréer une « mémoire artificielle » grâce
à l’ordinateur modelé sur la mémoire humaine.
Quant aux ars memoriae, ils voulaient créer une « mémoire
artificielle », à l’intérieur du psychique des individus,
modelé sur les principes fondamentaux qui régulent l’univers.
Autrement dit, on voit la « mémoire artificielle » comme
un « miroir de l’esprit », tandis que l’autre comme un «
miroir du monde ».
Dans un sens plus large, l’hypertexte est toute forme de réseau de
documents divers reliés entre eux par des liens multiples et diversifiés.
Ce réseau peut être plus ou moins important selon sa fonction
et/ou son support. En outre, ce réseau peut être off-line (c’est
à dire tel qu’un support tel une disquette ou un CD-ROM) ou on-line
(partagé par plusieurs utilisateurs sur des ordinateurs interconnectés).
L’inventeur du mot « hypertexte », Ted Nelson, conçoit
l’hypertexte comme un gigantesque réseau contenant toute la littérature
mondiale.
Sources :
http://home.nordnet.fr/~yclaeyssen/somma.html
http://home.nordnet.fr/~yclaeyssen/b31.html
http://home.nordnet.fr/~yclaeyssen/b32.html
http://perso.club-internet.fr/thoth333/index_03.htm
(Francis Adoue Lelandais, 17/11/1995)