Bref historique du développement des applications
des technologies en éducation
Le développement des applications de l'ordinateur en éducation
passe d'abord par l'idée d'individualiser l'enseignement. Cette idée
est influencée par des conceptions de l'apprentissage qui seront d'abord
de type mécaniste avec Pavlov, Thorndike, Watson et Skinner. Ils participeront
à un mouvement important de la psychologie américaine, le béhaviorisme.
Cette individualisation de l'enseignement prendra d'abord la forme de l'enseignement
programmé papier-crayon puis de l'enseignement programmé assisté
de machines à enseigner (Crowder) et enfin, de l'enseignement assisté
par ordinateur.
L’enseignement programmé : prélude à l’enseignement
assisté par ordinateur
A l’issue de la deuxième guerre mondiale, suite à l’apport
des concepts fondamentaux de la cybernétique, notamment les notions
de contrôle d’un processus et de rétroaction, et au développement
de la psychologie du comportement, il apparaît peu à peu que
le processus d’instruction peut être au moins partiellement automatisé.
Pour cela, des programmes vont être élaborés. Ils sont
de différents types, relevant de théories de l’apprentissage
légèrement différentes, notamment quant au rôle
des erreurs. En effet, selon Skinner, l’apprentissage, pour être effectif,
doit s’effectuer sans erreur, c’est-à-dire que l’apprenant, s’il suit
convenablement le cours, doit répondre correctement aux questions qui
lui sont posées. Pour Crowder, en revanche, il faut prendre en compte
la réponse de l’apprenant pour contrôler le déroulement
du cours. L’erreur est ainsi utilisée pour contrôler le cheminement
de l’élève. Ainsi, les principaux programmes sont les programmes
linéaires, soit du type Skinner, uniséquentiel à réponse
construite (la réponse n'est pas donnée, l'élève
est censé la construire) soit du type Pressey (linéaire à
choix multiples), et les programmes à branchements du type Crowder.
Les supports utilisés sont des livres (manuel programmé ou livre
brouillé), les fiches et les machines.
Empêtré dans les postulats du béhaviorisme et de Skinner,
l’enseignement programmé ne devait effectuer son second bond en avant
que grâce aux travaux de Crowder.
La machine à enseigner de Crowder
En 1959, Norman Crowder, un instructeur de la U.S. Air Force, critique la
programmation linéaire de Skinner : les erreurs, dit-il, sont inévitables
en cours d'instruction, on peut même s'en servir si on prévoit
des mécanismes pour les corriger. Il propose le concept de programmation
à branchement, appelée aussi programmation intrinsèque.
Ces branchements ressemblent aux branches d’un arbre. Les programmes présentent
des informations qui sont ensuite suivies de questions à choix multiples.
Si la réponse est bonne, l’apprenant passe à l’information suivante.
Si elle est mauvaise, l’apprenant est dirigé vers des exercices de
rattrapage pour ensuite revenir à l’exercice qu’il a échoué.
Lorsque l’apprenant répond correctement à toutes les questions
il passe par des raccourcis. Ce type de programmation permet dès le
début du programme, d'adapter l'instruction à l'élève;
il tient compte des différences individuelles. Crowder propose une
machine à enseigner à branchement qui permet à l'élève
d'accéder à des connaissances de plus en plus complexes au fur
et à mesure de ses réponses et en tenant compte de celles-ci.
C'est une machine très sophistiquée qui contient des rouleaux
de films sur lesquels sont fixées des séquences d'instructions
multiples. Des consoles à boutons y sont reliées qui permettent
aux élèves de répondre aux questions. Mais à chaque
nouveau cours, il faut recharger la machine, opération complexe, s'il
en est une, ce qui en limite sérieusement la facilité d'utilisation.
Cette machine préfigure néanmoins les premiers enseignements
assistés par ordinateur (Bordeleau, 1994).
C’est la machine de Crowder qui prouva à la population qu’il était
possible d’apprendre, d’être évalué et de corriger ses
erreurs sans la présence d’un enseignant.